Le rapport 2017 de l’Observatoire des prix et des marges fait état d’une baisse des prix agricoles dans plusieurs filières dont le lait, la viande bovine, le blé tendre et le blé dur. Dans la quasi-totalité des secteurs, les producteurs ne couvrent pas leurs coûts de production, sauf dans la filière porcine pour la première fois depuis 2012, ce qui ne permet pas de rattraper les difficultés financières accumulées. Il est également observé des reconstitutions de marges à l’aval des filières.
La transparence est toujours un axe central de l’Observatoire Français des Prix et des Marges : pour la première fois en 2017, le Président de l’OFPM vient d'utiliser le nouveau pouvoir que lui confère la Loi Sapin II, en saisissant les tribunaux de commerce de Rennes et Laval pour obtenir les comptes des entreprises de l’industrie laitière (Lactalis en l'occurence). Des difficultés méthodologiques remettent en cause l’exploitation des comptes des GMS, notamment pour les rayons produits laitiers et viande bovine, où les marges semblent sous-évaluées pour l’année 2015 au regard de ce qui était attendu par l’exploitation des indices de prix de l’INSEE. Pour l’année 2016 : Les prix au consommateur augmentent à nouveau en 2016 Les prix des produits des industries alimentaires sont en baisse en 2016 pour la troisième année consécutive (-1,5%). En moyenne, les prix agricoles sont en légère hausse (+0,3%), mais avec des disparités importantes selon les produits : le lait, la viande bovine, le blé tendre et le blé dur ont subi quant à eux un nouveau recul de leurs prix. Avec +0,7%, les prix alimentaires à la consommation progressent en 2016 à rythme comparable à celui de 2015 (+0,6%), après la baisse de 2014 (-0,7%) et les hausses plus marquées des années antérieures. La hausse moyenne des prix alimentaires est en 2016 à nouveau plus marquée que celle de l’ensemble des prix à la consommation (+0,2%). Compte des GMS pour 2015 : hiérarchie des rayons constante Grande surprise surtout pour le rayon produits laitiers où la marge est la même qu’en 2014 alors que l’observation des indices de prix de l’INSEE laissait penser qu’elle allait remonter. La hiérarchie des rayons reste la même : les rayons avec un rendement négatif sont la poissonnerie, la boucherie et la boulangerie car les frais de personnel y sont spécifiques et les charges de transformation sont élevées. Mais l’objectif est bien de gagner de l’argent au niveau d’un agrégat plus large. Par exemple, sur le rayon produits carnés les GMS ont des marges nettes positives. A l’inverse, les rayons produits laitiers, volailles et charcuterie sont des rayons libre-service où les marges nettes sont positives. Une amélioration légère des marges nettes est constatée dans les rayons volailles et Fruits et Légumes. En agrégeant les rayons couverts, la situation est constante par rapport à l’année 2014. Cependant, depuis 5 ans, la marge nette des GMS a diminué : elle est de 1,2 % en 2015, contre 2 %, essentiellement à cause des produits laitiers. Porc : reconstitution des marges du maillon abattage-découpe L’indicateur de marge brute du maillon abattage-découpe progresse en 2014 et plus sensiblement, en 2015, la baisse du coût entrée abattoir n’étant là que partiellement transmise ; il augmente à nouveau en 2016, amplifiant l’effet de la hausse du coût entrée abattoir. Ces augmentations de l’indicateur de marge brute de l’abattage-découpe recouvrent une progression de certaines charges et une reconstitution de bénéfice, après plusieurs années de de résultats négatifs ou nuls. Le maillon de la distribution paraît avoir amorti cette hausse : le prix moyen pondéré au détail des quatre principaux produits de longe est en diminution de 1 centime, l’indicateur de marge brute de la GMS diminuant de 12 centimes. Par ailleurs, le rapport de l’observatoire fait état d’une très grande stabilité des prix aux consommateurs. Côté producteurs, il s’agit de la 1ère année depuis 2012 que les coûts de production sont couverts par le prix de marché. Viande bovine : progression de la marge brute des industriels Les indicateurs de marge brute du panier saisonnier de viande de bœuf font état : - Le prix au détail du panier saisonnier est quasi stable, en 2016 par rapport à 2015. - Lindicateur de marge brute de lindustrie progresse donc sensiblement en 2016, à hauteur de l’essentiel de la baisse du coût entrée abattoir. - Lindicateur de taux de marge brute de la distribution évolue peu de 2014 à 2016, entre 28,0% et 28,5% du prix de vente au détail hors TVA. La nouveauté du rapport 2017 est le suivi de la filière veau dont le modèle est encore à enrichir : - Pas de prix industriels par type de pièces. - Marge brute agglomérée de laval (industrie + GMS) : en constante augmentation au fil des années. Pour le steak haché, seul produit sur lequel est observé en même temps une hausse des volumes et de la valorisation, le rapport fait état de : - Baisse de la marge brute des GMS ; - Hausse du coût entrée abattoir, à cause de la hausse de la valorisation ; - Hausse de la marge brute des industriels. L’augmentation de la marge des industriels peut s’expliquer par une augmentation de la segmentation. La situation se dégrade encore pour les élevages spécialisés de gros bovins de boucherie, avec, sous l’effet d’une nouvelle baisse des cours des bovins, des marges nettes dégradées par rapport à l’année 2015, déjà critique. En moyenne, après prise en compte des « charges calculées », les élevages naisseurs-engraisseurs perdraient en moyenne 16 centimes par kg vif en 2016 (perte double de celle de 2015). Le résultat courant avant impôt se dégrade (- 11 % en valeur), du fait que la baisse du prix de la viande bovine (-5%) est plus élevée que la baisse des consommations intermédiaires (2%). Le rapport fait état d’une amélioration tendancielle des résultats des entreprises de l’abattage-découpe qui sont néanmoins assez volatils. La marge nette reste négative pour le rayon boucherie en GMS. Un problème méthodologique fait apparaitre une différence avec les séries de marges brutes calculées à partir des indices de prix de l’INSEE : la marge brute est inférieure dans l’enquête auprès des GMS (24,6 € contre 28 € avec les séries de prix). Volailles : des baisses de prix au consommateur Le rapport fait état d’une baisse du prix au consommateur pour la 4ème année consécutive pour le poulet. Le rayon volailles est celui sur lequel on observe la meilleure marge nette des rayons frais pour les GMS, cela s’expliquer par : - Une bonne dynamique de consommation : il sagit de la seule viande en progression. - Rayon libre-service avec de faibles frais de personnel et une forte densité au m². Comptes des industriels laitiers : le Président de l’OFPM saisit le tribunal En 2015, l’évolution des indices industrie/consommation de l’INSEE laissait penser que les marges de la Grande distribution s’étaient reconstituées. Or ce n’est pas ce que l’on observe à partir de l’enquête sur les comptes de la grande distribution : la marge nette du rayon Produits laitiers se situe toujours à 0,1 % (comme en 2014). Tentatives d’explication : - Déplacement de la consommation des produits laitiers vers des produits de plus en plus élaborés, ce que mesure mal les indices de lINSEE. - Les frais de transfert internes (frais logistiques…) aux enseignes de la grande distribution viennent « polluer » l’analyse des rayons : ce biais est plus important lorsque l’activité est moins bonne. Par conséquent, l’OFPM souhaiterait qu’à l’avenir les enseignes transmettent des marges brutes épurées des frais logistiques, lesquels seraient transférés vers des coûts transversaux à tous les rayons. Pour 2016, le prix du lait à la production a, à nouveau, diminué en 2016 (-7,3%), baisse faisant suite à celle de 2015 (-14%). L’indicateur de marge brute de l’industrie a augmenté de 4 centimes. Pour la seconde année consécutive, l’indicateur de marge brute de la distribution a progressé, de 3 centimes en 2016 par rapport à l’année précédente. Difficultés d’analyse des résultats des entreprises industrielles : - Une rupture dans la base ESANE de lINSEE empêche de procéder à une lecture sur plusieurs années. De plus, cette base comporte un biais car elle nest pas représentative des groupes industriels car elle nest pas consolidée. - La base Diane repose sur les comptes déposés au greffe du tribunal de commerce. Or étant donné que Lactalis ne dépose pas ses comptes, lanalyse de cette base de données serait faussée. Le Président de l’OFPM a indiqué avoir utiliser pour la première fois le nouveau pouvoir que lui confère la Loi Sapin II lui permettant de saisir le tribunal de commerce pour obtenir les comptes des industriels. Cela fait notamment suite à des demandes répétées de la FNSEA. Pain : pour la 3ème année consécutive, nouvelle baisse du prix du blé tendre Pour la 3ème année consécutive, on observe une baisse du prix de la matière première du pain (le blé tendre), de -9,6% (-6,6% en 2015 et -14,5% en 2014). Le prix de la farine pour boulangerie artisanale, sortie industrie, baisse également pour la 3ème année en 2016 (-2,7%), le prix moyen de la baguette ordinaire, dans lequel le prix du blé entre en fait pour une faible part, restant quasi stable. L’indicateur de marge brute de la meunerie est en baisse en 2016 de -4,3%, celui de l’aval progresse très légèrement. Le constat important pour 2016, côté producteurs, est que le prix de marché ne couvre ni le capital, ni le travail. Pâtes : baisse du prix de la matière première, le blé dur (-9,7%) A nouveau, le rapport fait état d’une très grande stabilité des prix à la consommation alors que l’on constate de fortes variations à la baisse du cours du blé dur et une baisse du prix des pâtes sortie industrie (-3 %). L’indicateur de marge brute de l’industrie des pâtes alimentaires diminue ainsi en 2016, celui du détail progresse légèrement. Fruits et légumes : des prix à l’expédition et au détail en hausse Le prix moyen annuel à l’expédition du panier de fruits augmente de 4,3%, celui des légumes de 5,7%. Ces hausses font suite à celles de 2015. Au détail en GMS les hausses de prix de 2016 sont respectivement de 4% et 0,6%. L’indicateur de marge brute du circuit de distribution en GMS progresse en 2016 pour le panier de fruits (+3,6%) et diminue pour le panier de légumes (-3%). Sur deux produits suivis chaque année par l’observatoire, le rapport fait état d’une stabilité de la marge brute des GMS pour la tomate grappe et d’une légère augmentation de la marge brute des GMS pour la banane. Euro alimentaire : moins de 10 % de la valeur ajoutée totale pour l’agriculture Cette année, le calcul de l’euro alimentaire intègre la restauration, ce qui a pour conséquence de diminuer la part, déjà faible de l’agriculture. Ainsi, sur 100 € de dépenses alimentaires : - 6,2 € de valeur ajoutée reviennent à lagriculture. - 26 € dimportations (11 € de produits alimentaires et 15 € de produits intermédiaires).
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